Karène Lefebvre

Karène Lefebvre est la copropriétaire, et fière de l'être, de Ruby Mardi ! Et on vous la présente ici.

Karène est née et a grandi à Rouyn-Noranda, Abitibi, où elle a eu ses premiers émois artistiques, d’abord avec le piano classique, puis avec la littérature et le cinéma. C’est d'ailleurs l’appel du 7e art qui la fait déménager à Montréal, où elle obtient une majeure en études cinématographiques (UdeM), avant de se tourner vers le design graphique (bachelière de l’UQAM). Ça, mais aussi l’idée fort alléchante de pouvoir se déplacer en métro ! Écoanxieuse avant l’heure, Karène a toujours été mal à l'aise avec le concept de la voiture et n'obtient pas son permis de conduire à seize ans, comme parents et amis, chauffeurs forcés, l'auraient souhaité.

 

Côté boulots, elle a travaillé de nuit dans un lab photo, a monté sa propre boîte de production vidéo, puis a pris un job de graphiste dans le milieu du cinéma pour éponger les dettes du flop de sa série web, d’ailleurs la toute première réalisée au Québec, en 2007. Rien qui ne la prédisposait à ouvrir la bijouterie la plus cool du Canada ! C’est l’amour, toujours ça, qui l’a amenée là. Entichée d’un designer de bijoux qui voyait grand, elle accepte de plonger tête première dans l’aventure lorsque par une belle nuit de glamping, le couple trouve le nom Ruby Mardi…. avec un nom aussi parfait, impossible de dire non au projet! Et avec les locaux commerciaux qui se vident pendant la pandémie, l’occasion est à saisir. Karène et Victor ouvrent leur boutique en décembre 2020, dans la Petite Italie de Montréal. Karène s’occupe du design de la boutique, de la direction artistique, du marketing et des réseaux sociaux, entre bien d’autres choses.
Et elle n’a toujours pas de permis de conduire (au grand dam de Victor). 

Nous sommes heureux de vous présenter un entretien dans lequel vous découvrirez qui est Karène, ce qui l'inspire et ce qu'elle aime.  

Qui sont les artistes que vous aimez le plus, qui vous inspirent ou vous accompagnent ? Ont-ils une influence sur votre travail, et si oui de quelle façon ?

J'ai toujours fait un peu d' « art » par-ci, par-là. J'ai tâté du piano, de la photo, j'ai réalisé quelques films, et j'ai un projet de roman qui a été mis sur pause pour me concentrer sur Ruby Mardi. J'y reviendrai un de ces jours.

Aujourd'hui j’encadre des papillons sur des fonds colorés, je fais des collages osés qui deviennent des aimants de frigo (certains d'entre vous savent!), et pour Ruby Mardi je mets en scène des bijoux dans des vidéos que j’ose qualifier d’artistiques, en plus de m’occuper du stylisme de nos séances photos et de toute la direction artistique de la marque.

Il y a dans mon univers un côté pop - beaucoup de couleurs - une dose d’humour - de l'audace - une esthétique empruntée au passé - et du rythme.

Après réflexion, voici les artistes qui je pense m'influencent le plus. En tout cas, ils ont une place spéciale dans mon cœur.

Cibo Matto

J'adore ces filles! Leur premier album Viva, la Woman! m'accompagnera toujours, je ne m'en lasse pas. J'adore leur musique mais aussi leur côté très libre, leur sensualité, leur unicité, leur audace et leur humour. La musique de Miho & Yuka m'insuffle toujours une espèce d'énergie créatrice. Elles me donnent envie d'exister, de prendre ma place et de m'amuser!

"Let's eat carrots together, until....!"

Miranda July

Miranda July est une artiste complète dont j'admire la personne, l'oeuvre, et toute la démarche.

J'aime beaucoup ses films, mais encore plus sa littérature. Elle a une manière bien à elle d'exprimer la part d'incongruité que nous avons tous en nous,
elle met en scène l'âme humaine et ses paradoxes comme personne, avec un humour unique et beaucoup d'émotions et de sensibilité. Je relis assez régulièrement son recueil de nouvelles No one belongs here more than you. Ses personnages m'habitent.

Et je dois avouer ne pas sortir indemne de la lecture de son deuxième roman, ALL FOURS, publié il y a un an. Son personnage principal féminin ayant pile poil mon âge, disons que tout ce qui y est abordé me chamboule personnellement. Je me sens très proche de cette artiste.

Philippe Katerine

Je suis une grande fan depuis 1999 lorsque le tube Je vous emmerde tournait à la radio, même à Rouyn-Noranda ! Il est le premier chanteur de ma propre époque pour lequel j'ai eu un coup de coeur ! (adolescente je n'en avait que pour les années 60-70)

J'adore son irrévérence, son audace, son auto-dérision, sa liberté et la touche d'absurdité qu'il saupoudre dans son art.

J'adore sa musique, j'aime même sa voix ! Et j'admire son parcours. Je trouve inspirant de voir tout ce qu'il a fait jusqu'à présent alors qu'il était trop timide pour chanter lui-même sur ses deux premiers albums !

L'écouter ou le voir en concert me fait toujours un bien fou !

Mention spéciale pour son album de 52 reprises fantastiques que j'avais à l'époque attendues avec avidité à raison de 1 chanson par semaine, et pour la chanson Excuse-moi, si je ne dois qu'en choisir une seule.

Abel & Gordon

J'ai rencontré l'univers de Fiona Gordon et Dominique Abel avec RUMBA, un film de 2007. Ça m'a jetée sur le cul ! Leurs oeuvres me parlent directement, j'y adore littéralement TOUT : les couleurs, les corps libres, la musique, la poésie, le burlesque, la représentation de l'amour...

Je les trouve tout simplement géniaux. Voir un couple vieillir ensemble et continuer à créer, côte à côte, avec autant de complicité et de liberté m'inspire profondément.

Guy Maddin

Je suis une personne timide et introvertie. La seule fois où j’ai osé déclarer mon admiration à quelqu’un, ce fut à Guy Maddin, à qui je n’ai pu me retenir d’écrire après avoir visionné le magistral film The Saddest Music in the World. Il m'a d'ailleurs répondu ! 🖤

J'ai énormément d'admiration pour l’oeuvre de ce cinéaste canadien. Son génie me renverse! 

Maurizio Cattelan et Pierpaolo Ferrari (Toilet Paper Magazine)

Je suis tombée sur un livre qui combinait plusieurs numéros du magazine à la boutique du MOMA lors d’une visite à New York vers la fin des années 2000, et ça a été une révélation. J’ADORE l’univers. J’ai eu l’impression que tout avait été créé pour moi, toutes leurs images me parlaient personnellement et m’enchantaient. Leur façon d’exprimer des idées et de passer des massages à travers des images léchées qui choquent et flirtent toujours avec l’absurdité me réjouit. 

Je crois que ce qui émerge de ces artistes, c'est une liberté folle et des univers uniques très reconnaissables. C'est aussi l'une de mes intentions avec Ruby Mardi : j'ose croire qu'il y a une signature artistique distincte et empreinte de liberté dans notre univers.

Comment pensez-vous que l'art peut avoir un impact sur la société ou sur la vie des gens?

L’art permet de se mettre à la place d’autrui, il développe l’empathie. L’art a donc le pouvoir de faire changer les choses, car il permet de voir le monde de différents point de vues, et notamment du point de vues de personnes qui n’ont pas la parole en société, qui sont ostracisées, invisibles, voire criminelles. Mais toutes les histoires sont importantes afin de comprendre l’Âme humaine. 

À mon avis, ce sont les œuvres de fiction — cinéma, théâtre, littérature — qui nous permettent le plus intensément de “vivre” la vie d’un autre.
Mais d’autres formes d’art peuvent aussi susciter cette expérience. Je pense à la danse ou même la peinture.

L’art permet également l’introspection, et changer nos propres travers est un premier pas vers un changement plus global et une vie en société plus juste.
Je le crois ardemment. 

 

Si vous avez envie de vous confronter à vos propres biais inconscients, je vous conseille la lecture du court essai Récitatif,
de l’écrivaine américaine Toni Morrison. 

Si vous pouviez vous réincarner en fleur, laquelle choisiriez-vous et pourquoi ?

En glaïeul.

Ça ne me resesmble pas. C’est grand. C’est fort. Ça offre plusieurs fleurs qui fleurissent les unes après les autres. Choisir une seule vie m’a toujours semblé frustrant. Il y a tellement de choses que j’aurais aimé essayer, tant de vies que j’aurais aimé vivre. C'est pour ça que j’aime autant la littérature : car elle permet d’avoir un apperçu de la vie des autres. 

Avez-vous des plaisirs coupables ?

Is there a movie or song you could play on repeat and never get sick of?

La chanson : Good morning starshine. Cette version !

Le film : Zazie dans le Métro de Louis Malle, 1960.

Criterion donne trois raisons d'adorer ce film, et je ne pourrais être davantage d'accord.

J'ajoute que c'est une adaptation d'un livre du grand Queneau, que j'adore!

Si vous pouviez rencontrer une personne de l’Histoire, qui serait-ce et pourquoi ?

Franz Liszt.
Pour le regarder et l’entendre jouer, et peut-être plus, si affinités !

Sans blagues, assister aux concerts de la première «rock» star de l'histoire devait être une expérience des plus jouissives. J'adore la musique de Liszt depuis toute petite, et j'ai visité Budapest pour voir ses instruments et partitions. Je suis un peu groupie!

En terminant, quel est votre musée préféré (dans le monde) ?

Le Louvre. Il est tellement immense qu'on peut quasiment tout y voir. J'aime particulièrement la section sur les peintres italiens et les céramiques et mosaïques islamiques.

Et puis quel plaisir de défiler dans ce lieu empreint d'histoire !

Merci d'avoir partagé un peu de vous avec nous, Karène !

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